La
personnalité d’Otto Rahn m’a toujours intéressée et il était
donc normal pour moi de faire l’achat de sa récente biographie
parue chez Privat et œuvre d’un certain Mario Baudino. Comme je le
fais toujours quand je prends en main un livre pour la première fois,
j’ai commencé sa lecture par sa bibliographie.
Celle-ci n’a pas été sans me surprendre. En effet, si les deux
romans mythiques de Rahn y figurent bien, ils sont cités dans des éditions
introuvables depuis longtemps (une étant datée de 1934, l’autre de
1974). Or il existe de ces ouvrages une réédition récente publiée
par les Editions Pardès. Mario Baudino l’ignore-t-il ? Non pas,
puisqu’il la cite. Mais il ne fait pas cela dans sa bibliographie,
juste dans une note de bas de page, au détour d’un chapitre, en précisant
bien que ces livres figurent « au milieu d’un catalogue dont
l’auteur ne partage pas du tout l’orientation idéologique ». En
quelques mots, le mal est fait avec subtilité.
En réalité, ma surprise n’en fut pas une. En effet, on assiste de
plus à une censure subtile dans les bibliographies qui en dit long
sur l’état de domestication idéologique de nombre de chercheurs :
soit des références sont totalement occultées, soit elles sont bien
présentes mais disqualifiées par des notes qui mettent en doute la
neutralité ou le sérieux des auteurs ou des éditeurs. L’exemple
le plus pur de ce comportement étant La Foire aux illuminés de
Pierre André Taguieff (1001 Nuits, 2005) où l’on peut trouver deux
bibliographies : une où figurent les auteurs « cacher » et
l’autre, précédée de quelques mots faisant fonction de mise en
garde, où figurent tous ceux qui ne devraient pas avoir le droit d’écrire
ou de publier. Ceci non pas à cause de la qualité de leurs travaux,
mais parce qu’ils sont considérés comme développant une hostilité
« de droite » vis-à-vis du système actuel (bien sur les plumitifs
gauchos ou « sionards de droite » les plus médiocres figurent chez
Taguieff dans la « bonne » biblio).
Gros lecteur, je constate que ce comportement est de plus en plus fréquent.
Je l’ai encore retrouvé, il y a quelques jours, dans Le Néo-paganisme,
une vision du monde en plein essor de Stéphane François (MCOR) où
l’auteur – qui se présente comme « historien des idées » -
fait précéder sa bibliographie de quelques lignes où il s’excuse
d’y citer tant de méchants « néo-droitiers », ceux-ci ayant
malheureusement été les seuls à écrire avec intelligence sur ce
sujet…
Je discutais de cela, hier, avec un étudiant en histoire passionné
par l’œuvre de Drieu La Rochelle. Il fut surpris de mon étonnement
agacé devant ces procédés. Dans sa fac, me relata-t-il, si les œuvres
politiques de Drieu figurent bien au fichier de la Bibliothèque
universitaire, il est cependant impossible de les consulter, à moins
d’avoir l’aval d’un enseignant en histoire et de justifier
d’une recherche précise… Selon lui, cette censure non-dite s’étendrait
à de nombreux autres auteurs mal-pensants et serait pratiquée dans
nombre d’autres BU…
Tout cela est détestable et méprisable et en dit long sur la liberté
de pensée qui règne dans notre pays.