Nous
sommes nombreux à avoir estimé que c’est le social qui ferait trébucher
Nicolas Sarkozy.
Force est de constater que les récents mouvements ne nous donnent pas
raison.
Une sortie de crise se dessine depuis hier (dimanche) dans la grève
de la SNCF et la RATP, gouvernement et syndicats ayant fait des
concessions pour faciliter l'ouverture de négociations. Dans les
facultés, le mouvement est très minoritaire et la grève de la
fonction publique de demain ne devrait pas changer grand chose au
paysage politique.
Les grèves actuelles apparaissent pour la majorité des Français,
plus ou moins conditionnés par leurs médias, comme plus gênantes
qu’autre chose et comme des actions passablement illisibles de
privilégiés ou d’inutiles…
Là est bien le cœur du problème et un sondage de l’Ifop qui vient
d’être rendu public donne des chiffres assez inquiétants 61% des
Français ne se disent « pas solidaires avec les grévistes car ils défendent
leurs propres intérêts », tandis que 38% sont « solidaires avec
les grévistes car ils défendent les intérêts de tous les salariés
». Si les employés du secteur public sont un peu plus favorables aux
grèves (44%) que ceux du secteur privé (39%), ce soutien reste
minoritaire dans les deux cas.
Parmi les différentes catégories de sondés, seuls les jeunes de 18
à 24 ans (55%) et les habitants du Nord Pas-de-Calais (51%) affichent
un véritable soutien aux grévistes. Les affinités politiques laisse
également apparaître la division des électeurs du Parti Socialiste
(54% solidaires, 46% pas solidaires), des Verts (51/49) mais aussi du
Front National (44/56), là où les autres familles politiques
balancent franchement dans le camp des grévistes (82% de soutien chez
les communistes) ou dans l’autre (14% de soutien chez les
sympathisants UMP). Ajoutons que 57% des sondés estiment que le
gouvernement doit « maintenir ses projets pour poursuivre les réformes
» face à ces mouvements, tandis que 42% préfèrent qu’il «
renonce à ses projets de réformes pour apaiser le climat social ».
A noter que 36% des sympathisants PS veulent que le gouvernement
tienne son cap…
L’individualisme libéral l’a emporté dans l’esprit de
beaucoup, y compris chez ceux qui se croient encore « de gauche »,
et des mouvements de grève sectoriels comme ceux qui nous connaissons
actuellement sont, de ce fait, condamnés à l’échec.
Malgré ce que cela a de décourageant, il se pourrait bien que Sarko
– malgré son ultra-libéralisme, son mépris de l’indépendance
nationale et son action politique réduite aux apparences – aient
encore bien des beaux jours devant lui, pour notre malheur et pour
celui de la France.